
Déconfinement et continuité pédagogique : qui ? quoi ? comment ?
Notre département est en vert et voilà que tout s’accélère pour accueillir en présentiel un peu plus d’élèves à l’école primaire qu’elle n’en accueillait déjà durant le confinement.
- Qui s’occupe de cette reprise progressive et pour qui ?
La communauté éducative en ordre dispersée puisqu’une de ses composantes a été largement oubliée par certaines communes : les représentants de parents d’élèves. Pourtant, notre rôle est essentiel. Officiellement, nous sommes reconnus par le code de l’éducation comme des médiateurs et facilitateurs. À ce titre, nous estimons que l’information et la concertation sont la cause de l’acceptabilité des parents sur la reprise de l’école. Par conséquent, nous insistons pour qu’en amont de celle-ci, les parents d’élèves soient correctement informés afin de les mettre en position de sensibiliser leurs enfants sur les nouvelles modalités d’accueil de l’école.
Autre source d’incompréhension pour les représentants de parents d’élèves : la notion de publics prioritaires. En effet, il nous paraît indispensable que les élèves les plus fragiles dans leurs apprentissages fassent partie du public prioritaire. Mais comment l’école, dite inclusive, va gérer la notion de catégorisation des parents d’élèves entre publics prioritaires et par déduction les autres publics, qui seraient « moins prioritaires » ? Les parents d’élèves sont de bonne volonté mais ils sont toujours en attente de la nouvelle articulation entre les horaires scolaires / le périscolaire / les transports par rapport à leurs réalités professionnelles. Ils attendent donc des informations pratico-pratiques, par exemple : comment vont s’organiser les temps scolaires et temps professionnels pour une famille composée d’une fratrie de 3 enfants pour laquelle est prévue une reprise d’école décalée par niveau dans la catégorie du public hors prioritaire ?
Et pourtant, il nous semble important d’accueillir en premier les élèves qui étaient guettés par le décrochage avant le confinement ou les élèves décrocheurs conséquence du confinement.
- À quoi va ressembler l’école ?
L’école s’appuie sur une permanence de temps ritualisés. Il est donc déconcertant pour beaucoup d’entre nous de voir se dessiner dans chaque école, dans une temporalité très courte qui induit une perte de repères, un nouveau cadre au projet pédagogique initial. En parallèle, nous devons faire primer les impératifs sociaux et éducatifs et permettre un « rodage de cette nouvelle organisation » par l’Éducation nationale en vue de la rentrée de septembre. Toutefois, nous nous réjouissons qu’à la faveur de cette crise sanitaire, des repères sur l’éducation à l’hygiène réapparaissent à l’école. Depuis plusieurs années, nous dénonçons les conditions sanitaires dans les établissements scolaires (des toilettes fermées sur les temps de récréation, l’absence de savon, l’absence de papiers toilette, le sous-dimensionnement du nombre de toilettes par rapport au nombre d’élèves) et ses conséquences sur la santé des élèves et sur le développement des maladies infectieuses durant les épidémies saisonnières. Le Protocole sanitaire national est très contraignant mais soyons satisfaits que l’école de l’après-confinement redevienne un lieu où l’éducation à l’hygiène soit une préoccupation collective pour une protection collective.
C’est pourquoi nous regrettons que les masques pour les collégiens par le biais d’un kit d’au moins 2 masques ne soient pas pris en charge par les services publics.
- Comment l’école va-t-elle s’organiser ?
Tout bouleversement nous oblige à nous adapter. Les personnels de l’éducation nationale ont besoin de notre confiance en leur capacité à décliner les contraintes de cette reprise dans un dispositif qui en atténuera les effets sur nos enfants. Faisons aussi confiance dans la capacité des élèves à détourner les contraintes en possibilités.
Du point de vue des représentants des parents d’élèves : si la base du volontariat est faite pour rassurer ; sa conséquence peut produire l’inverse de ce que nous attendons à savoir le retour des élèves fragilisés par le confinement. De même, comment ne pas supposer de possibles conflits entre parents séparés en cas de positions divergentes sur le sujet du retour de leurs enfants à l’école.
Ensuite, sur l’organisation, nous savons que les élèves seront par petits groupes : le groupe classe de l’avant confinement sera divisé en 2 ou 3 groupes. Ce fonctionnement écrit sur le papier peut paraître une bonne nouvelle sous l’angle pédagogique et sanitaire. Cependant, sous l’angle de la contrainte des locaux et du nombre d’enseignants devant les élèves, nous constatons une accentuation de l’effet sélection des élèves par la catégorisation des publics.
Enfin, un autre aspect à ne pas négliger avec cette reprise progressive de l’école en présentiel est le possible ralentissement de l’enseignement à distance alors que tous les élèves ne seront pas physiquement à l’école ? Comment cet enseignement va-t-il être maintenu et par qui ? Sera-t-il voué à disparaître en l’état au 4 juillet 2020 ?
Pourtant, cet enseignement à distance à montrer sa pertinence, sa richesse de contenus et son adaptabilité grâce à des enseignants passionnés.
Pour conclure : la fcpe37 soutient l’école tout en sachant que celle-ci ne peut résoudre, à elle seule, les défis qui nous attendent collectivement. En revanche, l’Éducation nationale et les collectivités territoriales doivent faciliter des temps de concertation avec les représentants de parents d’élèves. Nous militons pour une réelle co-éducation. C’est pourquoi, nous souhaiterions proposer que soit mis en place :
- une étude psychosociologique des effets du confinement sur les élèves et les enseignants volontaires
- des tutorats pour les élèves par la réserve citoyenne, par les associations agréées par l’Éducation nationale afin de les accompagner dans leurs apprentissages
- l’expérimentation d’un enseignement physique croisé avec un enseignement à distance
- la mise à disposition de matériels informatiques pour les élèves non équipés
- l’accès pour les élèves non connectés : aux salles informatiques des établissements scolaires ou des espaces numériques sécurisés
- une commission au sein des établissements scolaires qui travaillerait à décliner le protocole sanitaire national dans le volet santé de chaque projet d’établissement